Architecture Ingénierie Intérieurs

Launay

Orne, 2013

Projet : Rénovation d’un ferme dans l’Orne
Client : privé
Missions : projet, maîtrise d’oeuvre & décoration, exe
Architectes : Marie Mallard & Laurent Becker
Date : 2010-2013
Caractéristiques : 3 corps de bâtiments

 

L’architecture « écologique», savoir-faire traditionnels et autoconstruction
Le projet de Launay est la restauration d’un vieux corps de ferme, dans l’Orne. La maison était laissée à l’abandon et n’était plus habitée depuis 40 ans, construite sur des sources et connue pour son humidité.

Pour rendre le projet possible, il a fallu retrouver un moyen de créer un ensemble cohérent à partir d’éléments triviaux a priori, et de recourir à des procédés sans forte technicité permettant une mise en œuvre simple, adaptée à l’artisanat local ou autorisant l’autoconstruction.
C’est souvent le cas pour la rénovation du bâtiment ancien, où les règles, notamment dans le cadre des questions énergétiques, amènent à des solutions qui n’intègrent pas clairement les qualités du bâti existant dans l’équation finale (massivité, perspiration, ventilation naturelle, imperfections bénéfiques etc…).
Finalement, les solutions de rénovation les plus logiques et dans le prolongement des techniques traditionnelles sont perçues comme des solutions non standards, pour lesquelles il est paradoxalement plus compliqué de trouver des artisans, et amène à des solutions alternatives intégrant une part d’autoconstruction.

Nous avons tenu à respecter les qualités du bâti ancien avec des matériaux «écologiques», permettant au bâti de conserver des qualités de perspiration. Pas de placo, pas de ciment, uniquement des matériaux hydrophiles et respirants, pas de surisolation.
Nous avons fait le choix de ne pas surisoler la maison mais de trouver un principe adapté, en conservant les qualités d’inertie de l’enveloppe (murs en pierre maçonnée à la chaux et l’argile de 50 à 60 cm d’épaisseur).

Le sol de la maison a été décaissé de 60 cm et un hérisson de pierre (20 cm) a été mis en place pour accueillir une dalle de chaux et billes de schiste.
Le hérisson est traversé par des drains annelés qui permettent de rabattre les sources émergentes sous la maison et par des drains agricoles qui assurent la ventilation du hérisson.
Pour conserver l’inertie des murs en pierre extérieurs, un enduit chaux chanvre de 7 cm d’épaisseur a été réalisé sur l’intérieur des murs. Ce n’est pas une isolation suffisante, selon les termes de la RT 2005, mais cela amène une inertie de surface à 2 effets : par le déphasage du chanvre, l’énergie emmagasinées est restituée dès que la température baisse et de plus, on continue à profiter de l’inertie importante des murs en pierre.
Pour augmenter l’inertie thermique, une isolation en laine de chanvre a été réalisée, avec frein vapeur et une sous-face en plâtre traditionnel. Là aussi, la maison profite de l’inertie de déphasage du chanvre et de la régulation de l’humidité par un complexe perspirant.
Enfin, pour assurer la ventilation et le renouvellement d’air de la maison, un puits canadien  a été installé (tuyaux en terre cuite). Cela permet de profiter d’un tirage naturel en été, lorsque les trappes de cheminée peuvent rester ouvertes. En hiver, les trappes et ouvertures sont fermées pour limiter les déperditions. Alors, un petit ventilateur tire l’air dans la maison, la met hors gel en assurant à l’intérieur de la maison une température moyenne de 10 à 12°, et assure un renouvellement d’air uniforme par la mise en surpression du volume intérieur, et une ventilation que permettent les imperfections d’une partie des menuiseries intérieures d’origine.
En hiver, le puits canadien ventile également le hérisson de pierre situé sur toute la surface de la maison.
Avec ce système, l’humidité de la maison a été complètement régulée, et elle est saine toute l’année, quelle que soit son occupation.
Cette expérience de restauration d’une maison traditionnelle illustre comment, dans certains cas, remplacer la norme par le bon sens et développer des systèmes adaptés permet une meilleure adéquation au contexte.
Pour ce type de  projets, l’économie de moyens, la manipulation ou l’interprétation des normes et DTU de construction, est souvent la clé de la faisabilité des projets, et permet de faire appel au bon sens du savoir-faire traditionnel, sans être pris en otage par des matériaux qui constituent la grande majorité de l’offre des fournisseurs de matériaux (placo, ciment, laine de verre, PVC etc…), alors que des matériaux moins répandus (chaux, laines naturelles, bois) peuvent être plus adaptés, notamment en raison de leurs qualités hydrophiles et perspirantes.

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AVANT

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